SMB assure le retour de Lip en Franche-Comté

Bannière montre LIP

SMB, une société horlogère basée à Châtillon-le-Duc (Doubs), a conclu un accord d’exploitation avec Lip. Un retour en Franche-Comté symbolique pour Lip, un défi pour SMB.

Bannière montre LIP

Nouvel épisode de la saga Lip. L’emblématique marque de montre revient en Franche-Comté, à Châtillon-le-Duc, près de Besançon (Doubs), sa ville d’origine. SMB, une PME horlogère de 120 employés, a conclu un accord d’exploitation de cinq ans, renouvelable, et avec possibilité de rachat à terme. « Notre rôle est de produire et d’assurer la distribution des montres Lip chez les horlogers-bijoutiers grâce à notre réseau de clients« , explique Philippe Bérard, le PDG et fondateur de SMB.

Lip s’était absentée de sa terre natale durant vingt-cinq ans. Les montres étaient fabriquées dans le Gers, chez MGH, sa société mère. « En 2014, MGH s’est rapproché de SMB car nous étions la seule manufacture horlogère bisontine à avoir une importante capacité de production, raconte Philippe Bérard. Nous produisons tous les modèles des séries « historiques » et « design-créateur » Lip. « 

Adapter le design

SMB ne se contente pas d’assembler les montres. Elle intervient sur le design pour les adapter au goût du jour. « Nous allons faire ce qui a été fait pour la Fiat 500 et l’Austin Mini, arrondir les formes sans dénaturer le modèle d’origine. Les modifications nécessitent l’accord de Jean-Claude Sensemat qui reste le propriétaire de Lip. Nous ne sommes que les exploitants », insiste Philippe Bérard.

SMB a réalisé 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014. Elle fabrique des montres pour ses marques : GO et Certus, ainsi que sous licences, avec All Blacks par exemple. Pour accueillir l’assemblage des montres Lip, la PME devra investir entre 1 et 2 millions d’euros. Pour les ateliers et l’achat des composants, mais aussi pour promouvoir la marque. « Nous avons investi 300 000 euros pour le stand de Bâle », précise le PDG.

L’entreprise a dû également modifier ses circuits de fabrication. « Nous avons davantage recours à des sous-traitants locaux. Comme Isa France, une entreprise implantée à Villers-le-Lac (Doubs), pour le module de mouvement. Nous importons d’autres éléments d’Asie, les cadrans et les écrins notamment, car il n’existe plus de producteurs en France », précise Philippe Bérard.

Le renouveau de l’horlogerie moyenne-gamme ?

Depuis 2011, l’horlogerie haut de gamme renaît en Franche-Comté avec, par exemple, la réimplantation de L.Leroy. Le retour de Lip pourrait indiquer le renouveau du marché du moyen de gamme. Dodane, une autre marque franc-comtoise, tente de revenir sur le marché en prônant le « Made in Besançon ». Pour Philippe Bérard ce n’est pas si évident : « La concurrence avec la Suisse (Swatch) et les États-Unis (Guess) reste importante« .

« Je ne suis pas le chevalier blanc de l’horlogerie franc-comtoise, je reste un chef d’entreprise soucieux des résultats« , poursuit-il. Pour que Lip réussisse son retour, il faudra, selon lui, franchir trois obstacles : la sortie de l’Apple Watch, le changement de mode de distribution – les montres Lip ont été distribuées en grandes surfaces, elles seront désormais vendues chez les bijoutiers et enfin le fait que Lip « est une marque emblématique pour les personnes de plus de 40 ans, mais je crains que pour les nouvelles générations ce nom n’évoque rien« .

Pour l’instant, SMB est en « phase de conquête« , elle convainc les réseaux de distribution. Certains y croient déjà. Les premières montres issues de ses ateliers seront commercialisées en juin 2015 chez 50 concessionnaires.

Auteur : Marine Protais

Publié le : 13/05/2015


25 ans après : la renaissance de Lip à Besançon

Bannière LIP L'avenir de LIP se dessine à Besançon

Installée à Châtillon-le-Duc dans le Grand Besançon, la société horlogère SMB fait renaître la célèbre marque de montres Lip, un quart de siècle après l’emblématique conflit social qui a marqué l’histoire et l’inconscient collectif bisontin…

Bannière LIP L'avenir de LIP se dessine à Besançon

Un peu d’histoire…

Fondée en 1867 à Besançon, l’entreprise horlogère a périclité dans les années 60, avant d’être marquée par un conflit social d’ampleur nationale et une tentative d’autogestion inédite au début des années 1970.

Charles Piaget, l’un des leaders du mythique « conflit Lip », qui eut lieu dans l’usine bisontine de 1973 à 1976, est lui aussi, satisfait de voir la marque revenir à Besançon. Même si pour cette figure du mouvement autogestionnaire français, « les Lip d’aujourd’hui ne seront plus jamais les Lip d’avant 76 ».

La marque a ensuite été rachetée en 1990 par la future Manufacture Générale Horlogère (MGH), basée dans le Gers, pour être notamment vendue dans le réseau de la grande distribution.

Redonner à Lip ses lettres de noblesse

Mais 25 ans après ce douloureux départ, Philippe Bérard, le patron de la Société des Montres Bisontines (SMB) créée en 1978, a décidé de rapatrier Lip sur ses terres d’origine. Son défi ? « Commercialiser à nouveau les montres Lip dans l’horlogerie-bijouterie » et redonner à la marque ses lettres de noblesse.

De Winston Churchill à Charles De Gaulle, les montres Lip ont donné l’heure à d’illustres personnages.

« Malgré sa présence dans la grande distribution, Lip reste une très belle marque, qui a une notoriété indiscutable et qui bénéficie d’un certain attachement des gens », relève le chef d’entreprise de 65 ans. M. Bérard a conclu avec la MGH un accord d’exploitation de la marque Lip de 10 ans, avec possibilité d’acquérir définitivement la marque si les résultats sont au rendez-vous.

« Maintenant, je mange Lip, je travaille Lip, je rêve Lip », dit M. Bérard, qui est à la tête de la plus importante entreprise horlogère de France (120 salariés, 1.5 million de montres commercialisées par an, 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014).

Dans les années 50, « Lip représentait l’excellence de l’horlogerie française en termes de taille, de savoir-faire et d’innovation », rappelle l’industriel qui espère profiter de l’engouement des clients pour les montres « vintage ». À l’époque, Lip était la manufacture horlogère la plus puissante de France avec 1 500 salariés et 300 000 montres produites par an.

Le retour des montres historiques « vintage »

Pour redorer le blason de la marque, l’industriel parie notamment sur une ligne de montres dite « historique ». Cette ligne « vintage » revisite les modèles qui ont fait la notoriété de la marque comme Himalaya, Mermoz, De Gaulle ou Churchill. Ces pièces sont équipées d’un mouvement mécanique à remontage automatique Miyota, fabriqué au Japon.

Une ligne « designer », avec des mouvements quartz fabriqués à Villers-le-Lac (Doubs), sera également commercialisée.

Comme l’assemblage des nouvelles montres Lip est réalisé à Besançon, elles bénéficient de l’attribut « Made in France » et sont frappées d’un poinçon « LIP Besançon France ».

Une cinquantaine d’horlogers-bijoutiers ont déjà passé commande auprès de SMB qui espère débuter avec environ 30 000 pièces par an, vendues entre 200 et 500 euros. Les premières livraisons sont prévues début juin.

« Lip était une marque populaire, mais d’un certain niveau, qu’on offrait à une communion par exemple. Les gens économisaient pour offrir cette montre qui avait une vraie valeur commerciale et symbolique », rappelle M. Bérard.

Et la symbolique des trois lettres est toujours vivante à Besançon, affirme Bruno Witsch, horloger depuis 25 ans chez SMB. À 14 ans, il passait tous les jours en vélo devant l’usine Lip à Besançon où il rêvait de travailler. « Puis il y a eu le conflit, le dépôt de bilan et je n’ai jamais pu y entrer », confie-t-il. « Mais 40 ans après, je fais des Lip. C’est incroyable », se réjouit l’homme désormais chargé d’assembler les prototypes des nouvelles Lip.

(Avec AFP)

Auteur : Damien Poirier

Publié le : 10/05/2015